Le Secaar est un Réseau d’Eglises et d’ONG engagées sur les questions de développement holistique depuis une trentaine d’années. Cette association qui regroupe en son sein dix-huit (18) organisations issues de douze (12) pays d’Afrique et d’Europe a son Secrétariat Exécutif à Lomé depuis 2006. L’une des thématiques phares d’actions du Secaar est l’agroécologie. En la matière, le Secaar a mis en place plusieurs projets et programmes avec le concours de ses membres. Récemment, l’institution a lancé un programme de mise en place de jardins scolaires au sein de plusieurs établissements au Togo. Zoom sur ce projet.
Le projet de jardins scolaires est un projet que le Secaar a commencé au cours de l’année scolaire 2021-2022. Il s’agit d’un programme de sensibilisation et de formation sur les notions de base de l’agroécologie aux élèves à travers des séances théoriques et pratiques dans les écoles.
L’objectif est d’inculquer aux enfants des connaissances et des notions en agriculture durable, en protection de l’environnement, en gestion des déchets et en alimentation saine.
« Nous avons constaté d’après nos expériences sur le terrain qu’il est difficile à un producteur de changer ses pratiques, de passer de l’agriculture conventionnelle à l’agroécologie ou à l’agriculture biologique. Cela prend du temps parce que le producteur s’est habitué à ces pratiques. En effet, on abandonne difficilement ce à quoi on est habitué. C’est pour cette raison qu’il est important de parler de l’agriculture durable et de l’alimentation saine aux élèves, car ces derniers constituent la relève et les futurs décideurs », explique Simplice Agbavon, Secrétaire Général du Secaar.
« Nous restons persuadés que si tous les élèves sont éduqués dans ce sens, ils pourront faire de bons choix afin de préserver l’environnement pour leur bien-être et pour les générations futures », ajoute-t-il.
Approches
« Nos activités dans les écoles sont réparties en deux niveaux : une partie théorique et une pratique. Nous faisons des séances théoriques en classe aux heures choisies ensemble avec les enseignants et ensuite nous allons sur la parcelle définie pour le jardin scolaire », note Alice Adabra, responsable du projet Jardins Scolaires au niveau au Secaar.
Les cours théoriques portent entre autres sur les notions d’agriculture durable, d’alimentation saine, sur la mise en place des jardins de façon écologique, la gestion des déchets, la protection de l’environnement, la biodiversité mais aussi le maraîchage hors sol en valorisant les sacs en plastique, les bidons, les pots pour permettre aux enfants de faire des petits potagers à la maison.
Le jardin scolaire est le lieu dédié aux séances pratiques, il sert de terrain d’expérimentation des acquis des cours théoriques.
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Le Secaar a effectué les démarches auprès du ministère de l’Enseignement Primaire, Secondaire, Technique et de l’Artisanat en vue d’obtenir une autorisation légale pour mener ses actions.
En 2021-2022, un jardin scolaire a été installé et suivi à Agbélouvé (63km au nord de la ville de Lomé) en phase pilote. Les cultures comme la laitue, les poivrons, les choux, les piments, tomate et l’adémè (corète potagère) ont été mises en place avec les élèves qui les ont entretenues jusqu’à la fin de l’année.
« Quelques pratiques agroécologiques ont été enseignées durant cette année, il s’agit du paillage, de l’utilisation des produits naturels pour le traitement des cultures (tourteaux de neem, huile de neem, produits phytosanitaires à base de champignons de l’ONG AGIDE), de l’utilisation des engrais organiques pour la fertilisation ainsi que l’association des cultures », indique Mme Alice Adabra qui poursuit, « Les élèves se sont mobilisés et ont participé activement aux travaux de la préparation du sol jusqu’à la récolte. Parmi eux, certains se sont démarqués par la maîtrise des travaux ».
Quels supports pour le travail ?
Les cours sont dispensés en salle et dans le jardin. Présentations power point, démonstrations animées, projection de films, etc. meublent ces leçons.
« Nous sommes actuellement en train de rédiger un petit manuel pour que les élèves puissent avoir un document de base sur ces questions. Nous essayons aussi de motiver les élèves à reproduire ce qu’ils apprennent chez eux ; la plupart d’entre eux disposent à la maison d’espaces peu utilisés et qui peuvent donc être valorisés en petits jardins », indique Mme Alice Adabra. Et M. Agbavon de renchérir, « Nous encourageons aussi les établissements et les élèves à planter des arbres fruitiers. Ils demandent globalement moins d’entretien que les cultures potagères et une fois grands, ces arbres peuvent donner quelques fruits régulièrement pendant des années ».
Et pour 2022-2023 ?
Pour cette rentrée 2022, le Secaar a commencé ses activités dans quatre écoles primaires et secondaires de la région maritime du Togo. Des sessions d’informations et d’introduction à l’agroécologie ont été tenues à l’intention des enseignants et les représentants des parents d’élèves au sein de chaque école. Les cours ont également démarré avec les élèves.
« L’équipe du Secaar a pu choisir de façon participative, après échanges avec les élèves et les enseignants, les légumes et fruits à produire dans les jardins scolaires pour cette année. L’acheminement du matériel d’appui pour le travail de mise en place de jardin scolaire agroécologique (houe, mètre, pelle, arrosoir, etc.) a commencé et se poursuit en fonction de l’évolution des interventions dans chaque école », précise Mme Alice Adabra.
Les élèves semblent comprendre peu à peu l’importance des cours qu’ils reçoivent. A Agbélouwé, le 5 août 2022, Flora, élève en classe de 5ème nous affirme ceci : « J’ai beaucoup aimé le jardin, on nous a appris comment faire la laitue, carotte et aussi comment cultiver sans produits chimiques. À la maison je dis à mes parents que les produits chimiques nous rendent malades ». Joel, élève en classe de 6ème nous ajoute, « Les tomates et les laitues de notre jardin sont plus doux que celui qu’on trouve au marché, les goûts sont différents, J’ai appris qu’il faut bien produire pour bien manger et avoir une bonne santé ».
La sœur Cécile Antoinette, directrice Adjointe de l’Institut Technique et Professionnelle Mgr Joseph STREBLER (ITPMJS) nous confie, « C’est une très grande joie pour nous d’accueilir ce projet. Depuis le début jusqu’alors, nos élèves sont très motivés par ce travail. Ce projet crée un espace collaboratif à nos élèves où ils pratiquent réellement certains aspects de cours qui sont dispensés en classe ».
Selon le Secaar, plusieurs autres responsables d’écoles manifestent leur désir à accueillir le projet pour initier leurs élèves aux jardins scolaires. Ces demandes seront traitées les années à venir en vue d’assurer une diffusion à large échelle de l’agroécologie. Puisse ce projet apporter un véritable gain à la promotion et la valorisation de l’agroécologie au Togo et dans le monde.
Avec Secaar