Conjuguer nos atouts et nos vulnérabilités pour construire notre propre référentiel de développement ; tel semble se résumer la volonté du gouvernement togolais, inscrite dans le Plan national de développement 2018-2022 et dans sa feuille de route stratégique.
Cette volonté fondée sur la stratégie de croissance accélérée et de promotion de l’emploi, n’est-elle pas, en soi, un repère et un cadre catalyseur de la Responsabilité sociale des entreprises (RSE) pour une révolution industrielle au Togo ?
La Plateforme industrielle d’Adétikopé (PIA), réalisée dans le cadre d’un Partenariat Public-Privé vient matérialiser la politique d’industrialisation voulue et portée au plus haut sommet de l’Etat, pour intégrer le contexte de la concurrence sous régionale entre Etats, le contexte de notre positionnement à l’échelle mondiale et le contexte d’une transformation structurelle locale dans la réflexion stratégique, pour faire écho au célèbre slogan de René Dubos, «
D’abord, Penser global…
PIA, dans sa conception, revêt des principes clés de la Responsabilité sociale comme levier de performance qui méritent d’inscrire le Togo et les différentes parties prenantes dans une vision de développement soutenu, inclusif puis durable avec un ancrage territorial marqué par l’innovation et la créativité.
Innover et créer dans la structuration et le développement de filières locales, d’approvisionnement et de soustraitance, elles-mêmes porteuses d’innovations sociales et économiques en intégrant de nouvelles chaines de valeur, tant pour les industries nouvelles que pour celles déjà existantes.
A l’instar du secteur agricole, axe prioritaire de développement de notre pays, la PIA devra relever le défi de créer, de dynamiser, de drainer un écosystème industriel et logistique, lui-même drainant un autre écosystème de champions locaux et performants, terreau fertile pour la promotion de l’investissement.
Ce cercle vertueux et les écosystèmes, ainsi structurés, autour des outils tels que les agropoles, les ports secs et les plateformes logistiques, sont eux-mêmes pourvoyeurs de nouveaux emplois, de nouveaux métiers, de nouvelles compétences et donc de nouvelles filières de formation ; les Instituts de Formation en alternance pour le développement (IFAD) ont cette ambition de relever les défis du Togo en matière d’emplois et de formation ; autre terreau fertile pour l’employabilité des jeunes et la création de nouvelles opportunités économiques dans les territoires.
La PIA dans sa dimension de « Plateforme à Responsabilité sociale et sociétale des entreprises », au-delà de son périmètre géographique, représente une opportunité forte de repenser nos modes de production (les biens et services) et devra inscrire les industriels, dans une dynamique éthique, engageante et exigeante, tant sur les défis environnementaux que sur les questions de normalisation et de qualité, en tant qu’acteurs majeurs et moteurs des transitions nécessaires pour une révolution industrielle togolaise..
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Les échanges des produits et services, dans un contexte concurrentiel de mondialisation où notre pays a toute sa place à prendre, sont soumis, et le seront davantage, de façon exponentielle, aux contraintes d’interactions face aux exigences des consommateurs et face aux exigences interculturelles ou inter linguistiques qui nécessitent de nombreuses et nouvelles normes, toujours plus universelles. Les niveaux de conformité normative tant sur un plan national que mondial, au-delà de la simple approche Producteur, Fournisseur et Client, devront être la quintessence et le panorama des engagements RSE pour la transformation structurelle de notre économie, telle qu’insufflée par le Chef de l’Etat et incarnée par le Premier ministre, Chef du Gouvernement, son Excellence Madame Victoire Tomegah Dogbe.
Ensuite, Agir Local…
Si la PIA a vocation à drainer tout un pan de notre économie, en matière de production, de montée en compétence ou encore de normalisation, elle a davantage le devoir de matérialiser, là encore au-delà de son périmètre géographique, un ancrage territorial fort par le développement dans les territoires d’intervention de ses industries.
A Adétikopé, commune de 56 000 habitants, et pour les communes environnantes, elle a vocation à y développer une approche RSE plus pratique et plus productrice, pourvoyeuse de richesse au-delà d’une simple approche humanitaire des actions, caution ou prétexte à une certaine paix sociale. Sous l’impulsion de la PIA et des acteurs de référence qu’elle mobilise, la RSE doit pouvoir dépasser également le cadre des effets d’annonce et de la stratégie com pour être à son tour un vrai levier de performance cohérent de l’Entreprise dans son environnement immédiat dans une démarche holistique qui intègre des axes comme :
– La Valorisation du Patrimoine et du Capital Humain
– La création d’emplois locaux
– La consommation de produits locaux
– L’éducation et la formation professionnelle
– Le développement local et la promotion d’activités génératrices de revenus durables et décents pour les communautés
– L’assainissement et la bonne gestion de l’environnement et du cadre de vie
– La promotion de partenariats nouveaux entre les entreprises et les dispositifs de l’Etat pour l’insertion et la reconversion professionnelle, l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes en particulier
– La transition d’une économie de survie vers une économie de vie pour les plus vulnérables
Cette donne dans la définition des axes stratégiques des politiques RSE, ferait donc de PIA, de ses entreprises, de ses parties prenantes internes et externes, du territoire, des pouvoirs publics, à la fois, Ressources et Producteurs de Ressources.
Des préalables et des points de vigilance, toutefois…
Si le PND et plus singulièrement la PIA posent des bases claires pour l’Etat de dynamiser la promotion de la RSE et la recherche d’un bon équilibre entre l’économique, le social et l’environnement comme vecteur de transformation et d’innovation pour l’économie togolaise, il est nécessaire de rappeler le caractère volontaire pour l’entreprise dans cette démarche, mis à part ses obligations juridiques et règlementaires.
La RSE est avant tout, un état d’esprit, une attitude, une vision et doit rester ainsi pour lui permettre de révéler le potentiel des ingrédients qui placent l’Humain au cœur des stratégies de développement.
Dans une approche purement humanitaire, celle à laquelle je n’adhère pas, la RSE telle que pratiquée traditionnellement dans notre pays, exacerbe deux perceptions étriquées qui constituent un risque pour l’Etat lui-même et les entreprises elles-mêmes :
– Celle des actions et réalisations des entreprises, qui par la force des choses, tendent à se substituer au rôle de l’Etat
– Celle du mécénat systématique qui détourne souvent le regard du principe fondateur d’une entreprise, la création de richesse.
La PIA et les orientations stratégiques de la feuille de route gouvernementale, en matière de RSE, seront corollaires d’une part, de partages d’expériences, et d’autre part, de réformes structurelles, novatrices et incitatives en posant de nouveaux fondements juridiques, règlementaires, fiscaux, environnementaux à tous les niveaux de la chaine de valeur.
Par ailleurs la dynamique des écosystèmes togolais va résider dans la capacité du gouvernement et des partenaires financiers, les banques en particulier, à construire une vraie industrie financière décomplexée
; Une approche pragmatique, audacieuse, innovante avec de nouveaux véhicules d’investissement et des conditions d’éligibilité plus adaptés aux TPE et PME en vue de créer la richesse et l’emploi. Tel doit être l’Engagement RSE prioritaire des banques au Togo !
Kofi Annan disait le 24 septembre 2001 à l’Assemblée Générale de l’ONU : “La seule voie qui offre quelque espoir d’un avenir meilleur pour toute l’humanité est celle de la coopération et du partenariat.”
Cette réflexion nous encourage à construire des schémas nouveaux d’interaction entre toutes les parties prenantes dans une synergie d’actions.
Par Edem d’Almeida Chef d’entreprise et Expert des solutions environnementales et de Développement Durable