Dossier/ Biodiversité : Les mangroves au service de l’homme

Les mangroves procurent des bénéfices significatifs et des services à l’homme, dont certains ont une valeur économique. Il a été estimé qu’en moyenne une mangrove aurait une valeur de 900 000 dollars par an et par kilomètre carré soit 450 millions de FCFA. Dans certaines régions du monde, la valeur de la mangrove peut même atteindre plusieurs millions de dollars, comme en Thaïlande où 1 km2 de mangrove vaut 3,5 millions de dollars.

En Guyane un département français situé sur l’Amérique du Sud, les mangroves offrent des bénéfices économiques importants car ils conditionnent l’exercice de la pêche côtière notamment. Ailleurs sur la planète, elles apportent également des avantages environnementaux en tant que barrière de protection du littoral contre la houle et les courants marins.
Les eaux au sein et aux alentours des mangroves sont généralement riches en nutriments. Ceci résulte de l’abondante matière organique produite par les palétuviers et par les sédiments pigés entre les racines de ces derniers. Les mangroves produisent annuellement environ 1 kg de litière/ m2, qui forme la base d’un réseau alimentaire complexe et dont une partie est exportée avec la marée.
De ce fait les mangroves favorisent une fabuleuse vie marine et souvent elles servent de frayère, de nurserie, d’abris pour des juvéniles de poissons ou crustacés dont les adultes sont trouvés plus au large. De par le monde, elles favorisent le développement de différents types de pêcheries: artisanale, commercial, récréative de part le monde. Poissons, crabes, mollusque, huîtres et d’autres espèces marines y sont récoltés. Ainsi en 2001, en Guyane, la pêche a représenté 18,4 millions d’euros à l’exportation.

Il a été calculé qu’un hectare de palétuviers, aux Philippines, « génère » chaque année 400 kg de poissons, crevettes, crabes, mollusques auxquels s’ajoute une production équivalente de même origine mais se développant ailleurs. En Malaisie, 400 km2 de mangrove soutiennent une pêcherie de 100 millions de dollars par an.

Un site attractif pour le tourisme
Si globalement, les mangroves ne sont pas traditionnellement perçues comme des sites propices à la récréation, ceci est en train de changer rapidement. Les gens prennent conscience que cet écosystème peut procurer une expérience éducative hors du commun de part les espèces peu communes qui peuvent y être facilement observées.

Paysage caractéristique de la côte guyanaise et des côtes tropicales en général, les mangroves ont favorisé la création de sentiers éducatifs qui participent au développement de l’écotourisme. Un parcours sur pilotis à travers la mangrove a été créé dans les Salines de Rémire-Montjoly.Certains opérateurs touristiques offrent la possibilité de visiter la mangrove en kayak ou en canoë, et de tenter d’apercevoir sa faune si discrète.

Des ressources pour la vie quotidienne

Partout dans le monde, les mangroves ont été exploitées pour leur bois pour fabriquer du charbon ou de la pâte à papier, pour en extraire le tannin, pour la construction de maisons ou de bateaux … Le bois de mangrove est apprécié pour sa résitance à la pourriture et aux dégradations causés par certains invertébrés marins. Certains bois ont aussi ont une grande valeur calorifique ce qui justifie leur utilisation comme charbon ou bois de chauffe.

En Guyane, les usages ont été et restent restreints: récolte du crabe mantou ou crabe à barbe, prélèvement des racines échasses du palétuvier rouge pour fabriquer arcs, cordages ou vannerie, chasse aux ibis et aux petits limicoles.

Dans un rapport du programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) publié le 24janvier 2006, la valeur économique et la fonction des mangroves sont mises en relief. Le rapport souligne le rôle essentiel que ces éléments naturels jouent,promouvant le tourisme,refoulant l’érosion côtière et servant de pépinières aux poissons.

Des ressources pour la pharmacopée

Une étude en Indonésie a estimé que les mangroves procurent un bénéfice net de 1500 dollars par km2 du fait des plantes médicinales qu’elles abritent. En Guyane, la liane mangle (ou ihipkwatriyene en Palikur) serait associée, dans la médecine créole, au palétuvier blanc et au tabac pour soigner les piqûres de raie venimeuses. Les racines de zimmortelle ou mitiku (un arbre qui pousse dans les forêts inondables d’arrière – mangrove) sont préparées en une décoction que boivent les malades fiévreux de la grippe ou du paludisme.

Des bénéfices environnementaux

Une barrière naturelle contre la houle et les tempêtes
L’énergie d’une vague peut être réduite de 75 %, lorsqu’elle passe à travers 200 mètres de mangrove si cette dernière est en bonne état. Grâce à sa capacité à briser la force des vagues, la mangrove protège des vies humaines et les constructions qui se trouvent sur le littoral. En première ligne, elles appellent notre attention.

Dans nombre de pays tropicaux frappés par les cyclones, les tempêtes et les ouragans, la mangrove permet de limiter les dégâts provoqués par le vent, et la force des vagues. En Inde, dans le district de Chidambaran, le rôle de protection des côtes par les mangroves est bien connue. Une mangrove de 113 km2 est considérée comme une forêt sacrée ; elle est d’ailleurs dénommée Alaithi Kadukal, qui signifie en Tamil, « la forêt qui contrôle les vagues ».
Il a été attesté que les dégâts du tsunami, en décembre 2004, en Asie du Sud auraient été plus importants dans certaines régions, si la force des vagues n’avait pas été absorbée par des zones de mangroves.
A l’inverse, la destruction des mangroves entraîne des dépenses pour mettre en place des installations qui protègent le littoral contre l’érosion marine. La république des Maldives (Océan Indien) a investi 10 millions de dollars par kilomètre dans un brise-lames artificiel, afin de protéger ses plages.
La Guyane, de par sa position à l’écart des trajectoires cycloniques, est à l’abri de ces types de dommages. Cependant, la mangrove protège le littoral contre l’érosion importante due à la houle et aux courants marins. Elle stabilise le trait de côte en piègeant les sédiments issus du continent et en évitant leur trop rapide dispersion par les courants marins.

Un filtre naturel contre les pollutions

Les différents systèmes racinaires des palétuviers contribuent à la filtration et à la rétention des polluants (métaux lourds et autres toxiques) contenus dans l’eau, de même qu’à la rétention des nutriments et des matières en suspension. Les mangroves préviennet ainsi que beaucoup de polluants ne parviennet dans les eaux côtières.

Une zone de piégeage des gaz à effet de serre
Les émissions de dioxide de carbone par la combustion des énergies fossiles et les modifications dans l’aménagement des sols sont les causes principales de l’augmentation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Les forêts, les cultures, les sols et la matière organique piègent le carbone et ainsi aident à réduire la vitesse du changement climatique. Les mangroves fixent des quantités importantes de carbone, il est estimé aiujourd’hui, que les mangroves piègereaient 25.5 millions de tonnes de carbone par an.

Pour information,on trouve les mangroves au Togo dans les zones humides du sud. Cet écosystème menacé de disparition dans plusieurs pays du monde bénéficie d’une attention particulière de la part des autorités togolaises. Des mesures sont prises, mais ces dernières doivent être revues.

Kofi Meser

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