Une fois encore, la Nouvelle société cotonnière du Togo (NSCT) a dû ravaler son ambition de produire 165.000 tonnes de coton graine en 2021-2022. La récolte n’a donné que 52.000 tonnes contre 67.000 tonnes en 2020-2021 et 116.000 tonnes en 2019-2020.
Si la baisse de l’emblavure (74.193 hectares cultivés au lieu de 193.000 hectares prévus) et une baisse de 32% des producteurs (passant de 111.453 à 69.255) peuvent justifier la chute, la pression des ravageurs et des maladies du cotonnier n’est pas négligeable.
La nouvelle campagne cotonnière au Togo, c’est bientôt. Et c’est le bon moment choisi par une équipe de six chercheurs de l’Institut togolais de recherche agronomique (ITRA) – que sont Ayeva Bassarou, Akantetou K. Pikassalé, Kpemoua K. Essotina, Koffi Kokou Zovodu, Gnofam Nambou et Lombo Yao – pour mettre à la disposition des cotonculteurs une précieuse fiche technique qui apporte des solutions aux problèmes posés par les ravageurs et les maladies du cotonnier au Togo. Surtout leur période d’occurrence ou d’attaque.
Le faciès parasitaire du cotonnier au Togo est dominé par une dizaine de ravageurs dont les chenilles carpophages : Helicoverpa armigera, Diparopsis watersi Earias spp, Pectinophora gossypiella, Thaumatotibia leucotreta, l’acarien Polyphagotarsonemus latus, le puceron Aphis gossypii, la mouche blanche Bemisia tabaci, le jasside Jacobiella fascialis et le phyllophage Haritalodes derogata.
Ces dernières années, on observe de plus en plus des dégâts de mirides notamment Lygus vosseleri, Helopeltis schoutedeni, Creontiades pallidus, Megacoelum apicale, etc. Les ravageurs occasionnent des pertes importantes à la culture cotonnière estimées, en moyenne, à 60% au Togo en absence de protection phytosanitaire.
Les dégâts les plus importants de ces ravageurs (chenilles des lépidoptères) sont les attaques des fleurs et des fruits. «Helicoverpa armigera est le ravageur dominant, responsable d’importantes pertes de production. C’est un papillon dont les larges sont responsables d’importantes pertes de production. Il présente deux pics d’infestation en juillet-août, puis en fin de campagne en septembre-octobre.
Earias spp est plus précoce et s’est développé ces trois dernières années dans la région Maritime. Diparopsis watersi apparaît à partir de la mi-août mais les fortes attaques ont lieu en fin septembre et en octobre», informe l’équipe de recherche. Dysdercus spp s’observe à partir d’octobre
Parmi les ravageurs phyllophages, la plus préoccupante est la chenille enrouleuse des feuilles Haritalodes derogata, présente dans toutes les régions.
Elle apparaît souvent avant le déclenchement du programme de protection recommandé. Son infestation est souvent plus remarquable dans la région des Savanes. Comme ravageurs piqueurs suceurs, la jasside Jacobiella fascialis est observée partout durant toute la saison et cause de sérieux dégâts en août et septembre ; la mouche blanche Bemisia tabaci est également largement répandue et engendre des dégâts ces dernières campagnes à cause des perturbations climatiques; le puceron Aphis gossypii se retrouve sur tout le cycle du cotonnier.
Au Togo, les trois maladies du cotonnier les plus importantes rencontrées sont l’alternariose (causée par Alternaria gossypii) qui se manifeste par de grandes taches sur les feuilles qui se dessèchent par la suite et s’effritent en laissant des trous visibles dans les feuilles, et attaque également les capsules ; la bactériose causée par Xanthomonas malvacearum, une bactérie qui attaque des cotylédons, les feuilles, les capsules ainsi que les tissus tendres des tiges conduisant à la cassure des branches ; et la fusariose, causée par Fusarium oxysporum et Fvasinfectum, dont les dégâts occasionnés sont le rabougrissement, le jaunissement, le noircissement des vaisseaux conducteurs, suivis de la mort de certaines branches du plant.
Les méthodes de lutte préconisées sont d’ordre agronomique et chimique. Sur le plan agronomique, l’équipe recommande la rotation des cultures (année 1 : coton ; année 2 : autre culture ; année 3 : coton), le respect des dates de semis indiquées pour chaque région du pays (du 1er au 30 juin dans les régions des Savanes, de la Kara et Centrale ; du 10 juin au 10 juillet dans la région des Plateaux Nord ; du 20 juin au 20 juillet dans les régions des Plateaux Sud et Maritime), le respect des périodes de sarclage et de buttage (1er sarclage : 15ème jour après semis ; 2ème sarclage ou buttage : 40ème jour après semis ; et 3ème sarclage au besoin suivant le niveau d’enherbement de la parcelle) ; l’élimination manuelle des ravageurs ou des plants malades ; l’arrachage des tiges de cotonniers juste après les récoltes.
La lutte chimique concerne l’utilisation des insecticides, fongicides et des acaricides. Au Togo, il est recommandé six (6) traitements par insecticide au cours de la campagne cotonnière, à intervalle de quatorze (14) jours entre deux traitements à partir du 35ème jour après le semis avec des produits à dose d’application variant de 0,2 à 1 litre par hectare. Avec les changements climatiques et compte tenu du temps qu’il fait, l’équipe recommande aux cotonculteurs de vérifier la présence ou non des ravageurs après chaque traitement. S’il y a encore des ravageurs, il faut utiliser un produit alternatif pour traiter sans attendre les quatorze jours.
Quelques dispositions à adopter pour les traitements au champ : se protéger lors de la préparation et durant les applications de produits ; respecter la dose d’utilisation de chaque produit comme indiqué sur l’emballage ; éviter le mélange de produits insecticides lors de la préparation des bouillies ; utiliser les appareils de traitement à piles électriques ou à dos vulgarisés par la NSCT ; respecter la vitesse de marche de 1 mètre par seconde et le nombre de lignes de traitements (3 lignes en général) ; déterminer la direction du vent et traiter en avançant perpendiculairement au vent, etc.
Avec ITRA