La COP 27 s’achemine vers sa fin. Et les attentes des pays Africains ne sont pas entièrement comblées. Dans un entretien à bâtons rompus avec Vert-Togo, la Directrice de l’Environnement au ministère de l’environnement et des ressources forestières du Togo, Mme Méry YAOU a fait le point sur les attentes du Togo à cette messe mondiale sur le climat.
VERT-TOGO : Madame la Directrice, nous tirons vers la fin des travaux de la COP 27. Le Togo a-t-il atteint ses objectifs en prenant part à cette rencontre mondiale sur le climat ?
Mme Mery YAOU : Nous nous acheminons vers la fin. Les travaux techniques ont été conclus depuis le 12 novembre. Au cours de cette deuxième semaine, les ministres ont pris le relais sur les questions qui sont à l’ordre du jour. Ils ont poursuivi les négociations sur les questions sur lesquelles le consensus n’est pas obtenu avec les partenaires.
Les questions de financement climatique, de l’adaptation, c’est à dire le doublement des financements pour l’adaptation, les financements de la mise en place d’un fonds pour les pertes et préjudices et d’autres aspects ont été abordées.
Il faut dire que nos attentes et objectifs ne sont pas entièrement comblés. Il faut qu’on parvienne à un consensus. Tant que le consensus n’est pas obtenu nous ne sommes pas satisfaits. Nous attendons la suite des conclusions, puisque le travail continue entre les ministres des pays en voie de développement et les ministres des pays développés.
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Toutefois des efforts ont été enregistrés au niveau bilatéral. Plusieurs partenaires ont été touchés. Nous avons foi que la formalisation de ces échanges va déboucher sur des collaborations durables. Donc une fois au pays, nous ferons des suivis. Les partenaires nous ont déjà donné des canevas et des formulaires de soumission de requêtes.
VERT-TOGO : Madame la Directrice, au cours des négociations sur le climat, la question des pertes et préjudices a été approuvée. Quelle est la position du Togo par rapport à ce texte ?
Mme YAOU : Par rapport à l’opérationnalisation du réseau de Santiago, nous ne pouvons pas dire que nos attentes sont comblées. Ensemble avec les autres pays en développement, les membres du G77 et la Chine, on visait plus la mise en place d’un fonds, d’un mécanisme de gouvernance qui va gérer les questions de pertes et préjudices qui portent sur les aspects au-delà de l’adaptation et des catastrophes.
Car sur des catastrophes liées aux changements climatiques, les populations perdent tout : maisons, biens cultures, ressources. Ils se retrouvent sans rien. C’est pour ces cas qu’on lutte pour ces fonds qui devraient dédommager les sinistrés. Nous notons juste que les partenaires sont assez réticents pour la mise en place de ces fonds.
Ils se disent que cela pourrait entrainer une mobilisation des fonds additionnels et c’est un coût supplémentaire et ils ne veulent pas débourser ces fonds. C’est juste des annonces sporadiques et insignifiantes. Cela ne peut être suffisant face aux dommages que vivent nos populations, victimes des affres des changements climatiques.
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VERT-TOGO : Est-ce à dire au finish que cette 27e COP aura été inutile ?
Mme YAOU : Cette COP n’est pas inutile. Juste que les décisions globales de la COP ne sont pas à la hauteur des attentes des participants et des pays en développement, victimes que nous sommes.
Mais il y a quand même des avancées et ces discussions ont attiré l’attention de tous les participants de la COP, des deux côtés : des pays en développement et des pays développés mais également de toute la communauté internationale.
Il y a eu un pas. Les textes ne sont pas adoptés comme on le veut mais c’est une avancée à ne pas mépriser. Les discussions vont se poursuivre, à l’avenir, avec les COP 28 et COP 29 et on espère qu’il y aura un dénouement. Il y a aussi des rencontres bilatérales qui peuvent déboucher sur des partenariats durables pour le pays.
J’ajouterai que le Togo avec les participants des ministères sectoriels a présenté des initiatives. Eux tous ont rencontré des partenaires à la suite des présentations. Nous avons appris des autres et les autres ont également appris de nous. On ne part pas avec « zéro », on gagne toujours.
Entretien réalisé par Hector NAMMANGUE depuis Sharm El Scheikh (Egypte)