Riyanatou MEDESSI, c’est le rêve d’une petite fille qui ambitionnait de devenir ingénieure ou femme de terrain. En 2014, ce rêve prend forme lorsqu’on jette son dévolu sur elle, comme l’unique figure féminine togolaise à l’école d’ingénieur en science géomantique et ingénieure topographie IAV Hassan 2 au Maroc sur une trentaine de personnes. curiosité oblige, entretien !
Un mot sur votre personne
Rihannatou Medessi, je suis ingénieur géomètre topographe (IGT). Je suis née le 01er septembre 1991 à Lomé. Une première partie de mes études primaires et secondaires je les ai faites à Lomé et la deuxième partie c’est-à-dire mes études universitaires se sont faites au Maroc ou j’ai commencé la topographie grâce à une bourse que l’état Togolais m’a octroyé.Je suis mariée à monsieur Tagba, topographe lui aussi, il y a 05ans de cela. J’adore relever les défis, je suis assez dynamique, déterminée parfois obstinée et je me bats pour ce que je veux, afin de réussir.
Un mot sur la topographie
La Topographie est connue dans le monde comme une science de description exacte et de représentation locale des formes sur la surface de la terre avant il était assimilé au métier d’arpentage.
Il s’agit d’une science très transversale car elle fait appel à d’autres sciences comme les mathématiques (trigonométrie, algèbre, analyse numérique, statistique, etc.…) et les sciences physiques astronomie, télédétection, etc.)
Le métier de géomètre-topographe est passionnant et très vaste. Il demande une maitrise technique dans les domaines comme le foncier, l’aménagement du territoire, les grandes infrastructures, l’agriculture, l’urbanisme, etc…
C’est un métier qui demande des aptitudes scientifiques et physiques, il s’agit donc d’un métier très prisé par les hommes, d’où le défi que je me devais de relever d’abord pour moi et puis pour les femmes en général.
Comment avez-vous découvert le BTP jusqu’à la topographie
Comme beaucoup de personnes s’aventurent dans des secteurs par passion, je pense que ca toujours été un désir ardent pour moi de faire de la topographie. C’est ainsi qu’à la fin de mes études dans le géni civil, dans les années 2015 et 2017, j’ai travaillé à CECO Groupe, comme chef service en topographie. CECO étant une grande entreprise à l’époque, elle couvrait tous les bâtiments des travaux publics. De là j’ai gagné en expérience dans le domaine du BTP.
De votre parcours de première femme géomètre topographe qu’est ce qu’il faut retenir ?
Je peux dire que je suis fière d’avoir relevé un tel défi, fière d’avoir réussi dans mes études et dans la vie professionnelle et d’avoir fait plaisir à mes parents et à ceux qui ont cru en moi. Ce ne fut pas facile, surtout dans un domaine très masculin. Cependant quand je veux quelque chose, je me bats de toutes mes forces pour l’obtenir avec l’aide de Dieu.Malgré les dures conditions de travail qu’exigent ce métier, nous avons appris ensemble, nous avons évolué ensemble jusqu’à l’exercice de cette profession ensemble.
Le topographe est le premier acteur sur le terrain même dans l’agriculture c’est le maitre de la mesure, le maitre de calcul des surfaces, c’est le maitre des orientations de pointe. C’est le topographe qui peut vous montrer comment drainé les eaux sur un terrain, quel surface cultivé, comment organisé une surface pour qu’elle soit bien exploitable, il s’occupe des levées des parcelles. Dans le BTP c’est le topographe qui produit des fonds topographiques sur lesquels on se base pour faire les conceptions. Le topographe contrôle, réceptionne, tout ce qui est arithmétique, l’épaisseur des couches qui sont versées sur les routes.
Les difficultés existent ? Si oui quelques unes.
Oui il en existe.
D’abord, les plus évidentes, que sont les travaux de terrain qui ne sont pas toujours faciles et qui exigent une acquisition de données quelques soient les types d’obstacles qui pourraient se présenter sur le terrain.
Il y a entre autres l’insertion des femmes dans le milieu professionnel, surtout auprès des privées qui pause problème. Surtout au Togo, jusqu’au jour d’aujourd’hui le domaine est purement masculin.
Il existe néanmoins quelques opératrices topographes mais ingénieures géomètres topographes il y en a pas, je suis donc la première au Togo et pour me faire une place, ca été difficile et j’en suis fière de défier les hommes par cette activité car depuis longtemps les hommes ont toujours estimé que ce n’était pas adapté à la gente féminine vu les problèmes notamment le déplacement sur le terrain, la force physique, la résistance. Pour moi, ca ne m’a jamais dérangé, suis passionnée, je fais tout ce qui est possible pour faire montre que je suis topographe.
En nous parlant un peu de votre quotidien de femme géomètre-topographe, dites nous quelles sont vos perspectives d’avenir ?
Je travaille aujourd’hui à Terra Modus et j’étais au terrain presque tous les mois. Mais la réelle idée que j’ai, c’est de montrer au gens que la topographie n’est pas en réalité une profession qui n’est réservée qu’à ceux qui ont la force physique, elle demande beaucoup de réflexions, de par le coté éthique également qui exige une honnêteté. Car vraiment par éthique les femmes sont beaucoup plus droites dans cette fonction que les hommes.
Je veux ramener cette image de ce métier qui est noble et j’utilise ma figure de femme pour communiquer dessus. J’associe mon image de femme pour prouver que ce métier est noble et j’encourage d’autres femmes à le faire.
Quels conseils donneriez vous aux filles ou aux femmes qui hésitent à se lancer dans ce milieu miner par la gente masculine ?
Vous adorez les défis et vous aimez ce métier alors lancez vous donnez tous ce que vous avez et vous réussirez. C’est vrai qu’il y a plus d’hommes dans ce métier mais tant qu’on veut on peut. C’est aussi vrai que dans cette vie rien n’est facile. Prouver qu’on est capable pour persévérer dans ce milieu. Et un petit secret aux femmes c’est un métier qui paye assez bien (rire)
Interview réalisée par Hector Nammangue