Protéger les tortues marines au Togo : L’autre projet du Groupe HeidelbergCement Togo qui impacte la biodiversité

Les tortues marines jouent un rôle clé dans les écosystèmes marins et côtiers. Pourtant ces espèces migratrices sont menacées par le développement des activités économiques maritimes et les captures.  Au Togo, le Groupe HeildelBergCement tente de les protéger. En collaboration avec CIMBENIN, le cimentier allemand en a fait une lutte, en initiant un projet transfrontalier Togo et Bénin en vue de leur protection. Ce projet a également ciblé les zones clés d’alimentation afin d’évaluer l’abondance des tortues marines et les tendances de population

Protection annuelle des lieux clés d’alimentation et d’hibernage

Quantifier le taux de mortalité associé aux prises accessoires (y compris la pêche à petite échelle), les taux et les captures intentionnelles dans les lieux clés d’alimentation et les voies de migration

Financé à hauteur de 40 000 Euros, le projet de protection des mammifères côtiers a été mis en exécution par l’ONG AGBOZEGUE au Togo dans la partie côtière de la réserve de biosphère transfrontière du Mono.  L’ONG a été aidée dans sa tâche par 4 écogardes et 2 pêcheurs facilitateurs au niveau de la zone allant d’Agbodrafo à la frontière du Bénin, subdivisée en 4 sites de gestion.

Le projet a consisté à faire le suivi des lieux de ponte des tortues marines, à protéger les nids jusqu’à l’éclosion et à former les pêcheurs sur les meilleures pratiques pour la manipulation à bord des tortues marine. Une collecte de données est associée à l’ensemble de ces activités.

Vue partielle des bébés tortues

Ces activités ont permis de dénombrer la présence de plusieurs espèces de tortues marines :  tortue verte, tortue luth et tortue olive. Ces données proviennent des individus capturés à terre sur les plages par les populations locales (captures à terre),  les individus capturés en mer accidentellement ou intentionnellement par les pêcheurs (capture en mer),  les individus de tortues morts sur les plages, les pontes ou les nids (un nid représente une femelle qui est venue pondre sur la plage), les nouveau-nés qui sont capturés sur les plages (ils peuvent être vivants et libéré en mer ou morts : éclosion), de plus les nouveau-nés d’un nid représentent un individu, c’est-à-dire une femelle qui est venue pondre), et les traces (il s’agit des traces de femelles venant pondre sur les plages).

Le milieu marin togolais occasionne la mort de plusieurs tortues marines

Il a été également récupéré lors de cette mission, des individus capturés accidentellement dans les filets. Ces individus ont été remis en mer. Quant aux nids des tortues lorsqu’ils sont en danger, ils sont transplantés en enclos d’incubation. L’ONG AGBO-ZEGUE récupère également les carapaces des individus morts sur les plages et  les conserve à son siège.

Un projet avec un impact positif sur la biodiversité

une tortue olive

Interrogé par Vert-Togo, Atsri Honam, expert en sciences écologiques et conservation de la biodiversité ayant travaillé sur ce projet,  nous confie que ledit  projet est l’une  des activités du Groupe HeidelBergCement Togo  qui a agi positivement sur la biodiversité.

« D’abord l’approche en elle-même impacte positivement la biodiversité.  Les gens ont toujours eu l’habitude de garder les bébés des tortues plusieurs jours après leur éclosion avant de les relâcher dans la mer. Alors que cela n’agit pas d’une manière positive sur leur survie en mer même si on estime qu’environ 1 sur 1000 nouveau-nés survit et a atteint l’âge adulte. Puisque les bébés tortues peuvent nager à certaines distances pendant environ 72h de leur naissance grâce aux réserves de leur sac vitellin, incomplètement résorbé à la naissance », explique-t-il.

Avant de poursuivre « donc garder les bébés tortues au-delà de 72h, leur fait perdre ces capacités et ne peuvent plus pratiquer leur nage frénétique afin de survivre aux hostilités de la mer. Ceci augmente leur taux de mortalité. C’est pourquoi, avec le projet de SCANTOGO, les dispositions sont prises pour permettre aux bébés tortues de regagner de façon naturelle la mer».

Le présent projet a permis le sauvetage d’environ 950 bébés tortues marines et 55 tortues matures des filets des pêcheurs.

« On les récupère des mains des pêcheurs et on les relâche dans l’eau.  Au niveau des nids des tortues marines,  environ 15 nids ont été sauvés. En général les nids ne sont pas vite localisés puisque les tortues marines ont cette capacité de cacher leurs nids. Elles pondent généralement la nuit. Donc ce n’est pas évident d’identifier les nids. », a-t-il affirmé.

Des bébés tortues le long de la mer

« Nous avons donc conseillé aux Ecogardes avec l’ONG de ne pas perturber les nids. Car cette façon de faire agit sur le taux d’éclosion des œufs. On prend toutes les mesures nécessaires pour les protéger.  C’est donc  une activité de surveillance de la plage. Il y a des gens qui travaillent. Environ 15 Ecogardes sont payés sur le financement de SCANTOGO. Chaque Ecogarde reçoit 25 mille FCFA par mois. », indique-t-il

Et de préciser « Il faut noter que nous avons subdivisé la zone car nous intervenons de l’usine de Kpémé jusqu’à la frontière Togo-Bénin. Donc on a fait une subdivision de cette partie de la plage en 4 zones. Chaque zone a un groupe d’Ecogardes qui veille sur les nids. Nous recueillions les informations à des intervalles réguliers au près des écogardes et on s’assure de l’éclosion des œufs. On fait le suivi des bébés tortues jusqu’à ce qu’ils retournent en mer ».

Un projet qui crée de l’emploi aux riverains

Peut-on à la fois protéger la biodiversité et créer de l’emploi ? La réponse est oui, si on sait bien s’y prendre selon M. ATSRI Honam.

« Grâce à la protection des tortues marines, nous avons pu promouvoir le tourisme bleu. Pour ce faire, nous travaillons avec environ 20 tenanciers des bars. Nous les aidons à améliorer leurs activités de vente en leur remettant un petit pourcentage  de bébés tortues qui sont relâchés par des expatriés. Une manière de les attirer vers nos côtes non pas seulement pour voir les vagues mais aussi pour y découvrir les tortues marines. », affirme-t-il.

Le milieu marin togolais occasionne la mort de plusieurs tortues marines

Au-delà de cela, le projet financé par le cimentier allemand a des impacts socio-économiques.  Les riverains ont grâce à ce projet, une activité secondaire qui améliore leur revenu annuel. Et cela fait vivre des familles entières.

« L’aspect sensibilisation de ce projet n’est pas à négliger. Puisque  ça permet à aux  communautés  riveraines de prendre conscience de la protection et de la conservation de ces espèces. Ce qui  nous  aide à mieux collaborer avec  les communautés. La sensibilisation réduit les pressions anthropiques sur l’espèce et rend l’habitat favorable pour que les espèces puissent pondre. », a-t-il rappelé.

Et de suggérer « Au vu des résultats positifs de ce projet, il faut qu’il soit pérennisé.  Car c’est une contribution assez louable de la part du Groupe HeidelbergCement Togo.»

Hector Nammangue

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